« Le parallèle entre le sport et l’entreprise est une évidence pour moi »
Entretien avec Hrvoje Meden, co-dirigeant de SAUTEC.
Hrvoje Meden, vous êtes le co-dirigeant de SAUTEC. Comment est né le le duo que vous formez avec Olivier Dobelle ?
C’est une longue histoire. Nous travaillons ensemble avec Olivier Dobelle depuis 20 ans. Nous avons partagé de nombreuses aventures professionnelles. Lors de notre première rencontre, ce qui est amusant, c’est que ça n’a pas collé entre nous ! Mais par la suite, nous avons appris à nous comprendre, à nous apprécier, à travailler ensemble et à mener plusieurs projets, et le dernier est Sautec, voilà une dizaine d’années.
Qu’est ce qui fait la réussite de votre duo ?
Nous sommes très complémentaires. La répartition des rôles est extrêmement claire. Olivier possède la vision du marché et est doué dans la relation client et commerciale. De mon côté, je suis responsable de la réalisation des affaires. Autrement dit, j’assure la production industrielle et le suivi de la chaîne logistique jusqu’à la livraison et la mise en route de nos machines. Je dois trouver des solutions industrielles qui correspondent à la commande du client. Je suis ingénieur en construction navale. C’est ma formation initiale. Je suis né en Croatie, à Rijeka, une ville de bord de mer, où il y a une tradition de chantiers navals. Cette formation m’a permis de rentrer facilement dans les domaines de la mécanique et de l’ingénierie. Le point commun avec ce que je fais aujourd’hui, c’est que certaines de nos machines aident à remplir les bateaux !
Votre fabrication est sous-traitée en Croatie. D’où vient ce choix ?
Comme je vous l’ai dit, je suis originaire de Croatie. Je connais bien la mentalité de mon pays d’origine et j’ai pu trouver de très bonnes solutions de production industrielle là-bas. Chez un bon partenaire, on doit trouver l’envie de travailler ensemble, la possibilité de réaliser les machines, la qualité des produits, des délais acceptables de fabrication et de livraison, et un prix compétitif bien entendu. Notre choix s’est porté sur trois partenaires industriels, en Croatie. Il y a 50 ans, ces sociétés fabriquaient des bandes transporteuses, que l’on appelle nous des sauterelles. Autrefois, ces sociétés étaient très importantes, avec des milliers de salariés. Aujourd’hui, elles sont plus petites, mais ceux qui les dirigent connaissent très bien ce type de machines. Le fait d’être croate m’a permis de les intéresser à la production de nos machines, et notre culture commune a facilité nos échanges.
Quel est votre savoir-faire ?
Nous sommes spécialisés dans la conception et la fabrication de machines que l’on appelle des sauterelles. Nous avons des produits standards, mais notre marque de fabrique, c’est de faire du sur-mesure sur certains détails, sur 10 % de la machine, tout en conservant le budget prévu. Chaque machine est ainsi adaptée au type et au comportement du produit, et à la façon dont le produit va être chargé. On transporte par exemple des céréales, des gravats, des fèves de cacao, de l’engrais, des déchets électroniques, des sacs de sucre … Nos machines sont abordables, robustes, fiables et pratiques.
Pourquoi fait-on appel à une sauterelle ?
Nos machines sont utilisées dans une grande variété de scénarios. Dans un entrepôt, par exemple, elles permettent d’optimiser le stockage des céréales en hauteur pour rentabiliser au mieux les espaces. Nos clients cherchent en effet à aller le plus haut possible, pour réduire le nombre de mètres carrés utilisés. Car le mètre carré de stockage coûte cher. Par ailleurs, là où il faudrait une journée et plus pour décharger une cargaison, remplir des conteneurs ou un bateau, la sauterelle permet de le faire en quelques heures.
Vous êtes également un ancien champion de waterpolo, c’est la marque d’un parcours original. Et SAUTEC est sponsor de Lille Université Club Métropole Waterpolo …
Le waterpolo est la raison pour laquelle je suis venu en France, à Lille, pour jouer dans le Lille Université club (LUC) Métropole Waterpolo, il y a 32 ans. J’étais aux portes de l’équipe nationale de Croatie, à 24 ans, une équipe qui était championne olympique et championne du monde. Mon choix a été de faire des études, même si j’avais fait partie de l’équipe nationale junior. Après avoir été joueur, je suis devenu entraîneur de l’équipe du LUC, durant 4 saisons. Je joue encore, dans l’équipe des vétérans. Thierry Landron, le patron de la maison Méert, est un ancien joueur et il est le président du club. Nous sommes restés très proches. Le fait d’être sponsor me semblait normal. Je tenais à rendre au club ce qu’il avait fait pour moi. Je me suis senti très bien accueilli, entouré et accompagné dans ma réussite, quand je suis arrivé en France. J’ai 56 ans, et ça fait 32 ans que je suis à Lille. J’aime aussi soutenir les jeunes du club, transmettre ma passion pour le haut-niveau.
Quel est le point commun entre le sport de haut niveau, puis votre parcours d’entraîneur, et le monde de l’entreprise ?
Pour moi, c’est très similaire. Le fait d’avoir joué en équipe, de m’être imposé une discipline, fixé des objectifs élevés, en commun avec mes partenaires, me rappelle le monde de l’entreprise. Cet esprit de réussir ensemble, en sport, je l’applique dans le domaine professionnel. Avoir pratiqué un sport d’équipe me permet notamment de sortir de situations difficiles que l’on peut rencontrer dans le monde du travail. Parfois, certaines personnes sont démotivées ou il y a des malentendus, des difficultés entre personnes. Il y a des différences sociales, familiales, psychologiques, entre les gens, mais on peut surmonter les difficultés, comme dans une équipe. Quand je vois une situation se durcir, j’ai un flash dans la tête qui me rappelle un moment de ma vie de sportif de haut niveau. Je m’en sers pour trouver la solution. Je me dis « ça, je l’ai vécu » et « on a fait comme ça pour s’en sortir ». Le parallèle entre le sport et l’entreprise est une évidence pour moi.
Interview et propos recueillis par Plume Pouilloux