Entretien avec Olivier Dobelle, Co-dirigeant de SAUTEC.
Vous codirigez SAUTEC, avec Hrvoje Meden, votre associé. Dans votre parcours, la création d’entreprise a toujours été un objectif ?
J’ai toujours été attiré par l’entrepreneuriat. J’ai travaillé dans de grands groupes, dans les secteurs de la sidérurgie et de l’automobile. Mais dans un grand groupe, il est difficile d’embrasser une responsabilité globale. On dépend d’autres personnes pour de nombreuses décisions. J’ai eu ensuite une expérience marquante dans une PME, une entreprise à taille humaine, dans les biens d’équipements, en tant que directeur industriel. J’ai adoré travailler au contact d’un dirigeant qui m’a beaucoup inspiré. J’ai également adhéré au réseau entreprendre, ce qui m’a permis de côtoyer et d’échanger avec des nombreux chefs d’entreprise. C’était vraiment inspirant.
Comment est née l’aventure SAUTEC ?
En 2007, nous avons repris, avec mon associé Hrvoje Meden, une entreprise qui est devenue par la suite Sautec, en 2016. Dès le départ, nous avons défini la stratégie de l’entreprise : proposer des équipements de manutention, flexibles, adaptables à de nombreux secteurs d’activité. On les appelle plus communément des sauterelles, c’est-à-dire des convoyeurs à bande, avec des roues. Elles transportent du vrac d’un point bas vers un point haut. Nous sommes concepteur et fabricant, mais nous sous-traitons la fabrication industrielle à des partenaires, implantés en Croatie.
Quelle est votre marque de fabrique, votre singularité, par rapport à la concurrence ?
Nous sommes une petite équipe de 8 salariés. La fabrication est externalisée. Nous avons des centres de production partenaires. On peut dire que 20 à 30 personnes travaillent pour la fabrication de nos machines. Pour notre fonctionnement, je me suis inspiré des start-ups. Les entreprises classiques sont souvent peu flexibles. Elles ont parfois du mal à s’adapter au changement de volume de production. Notre volonté était de sortir de ce vieux schéma, avec notamment des méthodes de travail très digitalisées. On ne fait plus de plaquette, ni de salon, par exemple. Notre site internet suffit pour le côté vitrine de nos savoir-faire. Et, surtout, on se concentre sur ce qui apporte de la valeur aux clients. Pour nous, la vraie plus-value est dans l’écoute du client, et dans la réponse que l’on apporte grâce à la personnalisation des machines. Nous avons une gamme de produits, bien entendu, mais nous l’adaptons au besoin spécifique de chaque client. Cette proposition n’existe pas dans l’univers des biens d’équipements industriels.
Comment fait-on appel à vous ?
Nous avons beaucoup de demandes entrantes par le web, pour de l’achat ou de la location de sauterelles. Sur notre site, nous montrons des exemples de ce que font nos machines et quelle problématique on peut résoudre pour nos clients. On va ensuite sur place pour comprendre leur besoin spécifique. Souvent, nous n’avons pas de cahier des charges. On s’approprie le besoin du client. On rentre dans l’intimité de son entreprise pour bien la comprendre et saisir les enjeux. Il y a des besoins ponctuels, où il faut se plier en quatre pour répondre rapidement. C’est un défi. Mais l’on sait que dans la logistique, il faut savoir réagir vite car ce sont des domaines où la pression est forte. Quand il faut vider des silos, des camions, des bateaux, on ne peut pas attendre. Le contexte de performance est très fort, et il faut trouver une solution parfois dans l’urgence. Nous avons un parc de machines en stocks. On fait le job quoi qu’il arrive.
Où en est la notoriété de SAUTEC ?
Nous sommes une jeune entreprise, mais désormais nous sommes reconnus par la profession. À force de satisfaction client, les confrères de notre secteur nous appellent, y compris des entreprises comme AGL, Maersk, Kiloutou Business, Tereos, Vinci … Nous sommes référencés, et nous sommes dorénavant au sein d’appels d’offres internationaux de la manutention vrac. C’est évidemment une fierté d’avoir cette reconnaissance et cette confiance d’acteurs aussi importants de notre filière.
Vous êtes aussi à l’international ?
La dimension internationale de notre entreprise se situe principalement en Afrique. Il y a un potentiel gigantesque sur ce marché pour nos machines. Les enjeux de logistique sur place sont énormes pour l’embarquement ou le débarquement de marchandises. Les flux de marchandises augmentent fortement avec la hausse de l’activité et la croissance de la population. Nos machines sont simples, robustes, faciles à faire fonctionner et tout à fait abordables en termes de coût, donc très adaptées pour ce marché. Nous avons des collaborateurs locaux et nous fabriquons 30 % de nos machines sur place. Je pense qu’il est important de créer des emplois locaux là-bas. Il y a des jeunes qui sont bien formés et avec qui il est important de travailler. Parmi nos clients, nous avons AGL, Cargill et Maersk. Nous sommes présents au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Cameroun et nous avons un projet de développement au Nigeria. Notre autre marché à l’international, c’est l’Europe, avec la Belgique, la Suisse, la Roumanie, qui est un gros producteur de blé. Pour l’international, il faut du temps et de l’énergie, mais c’est passionnant.
Où en est SAUTEC aujourd’hui et quelle est votre ambition ?
Notre entreprise marche bien. Nous faisons 20 à 30 % de chiffre d’affaires en plus chaque année. Aujourd’hui, il se situe autour de 2 millions d’euros et nous visons les 3 millions. Nous avons 30 machines en stock, et cela représente 500 000 euros d’investissement. La location concerne 30% de notre activité et la vente 70%. Notre ambition est d’améliorer nos centres de production, de satisfaire pleinement nos clients et de veiller au bien-être de nos salariés. Nous souhaitons aussi que nos partenaires externes trouvent un accomplissement personnel et professionnel en travaillant avec nous. La prochaine page de l’aventure de l’entreprise sera de la transmettre un jour à quelqu’un qui la fera croître comme il le souhaite. Mais l’heure n’est pas encore venue.
Interview et propos recueillis par Plume Pouilloux